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M e m o r iæ

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Le CLUB MEMOIRES du CDI du COLLEGE Jean de La Fontaine, à St Germain-des-Fossés. Connaître "autrefois" pour savoir qui l'on est et où l'on va. 1er Prix de l'Education citoyenne (2017) et "Témoignage de Reconnaissance d'Education citoyenne" (2018) de l'Ordre National du Mérite. 1er prix départemental et 2ème prix académique du Concours National de la Résistance et de la Déportation (2018).


Valentine SLOTA : " Pendant la guerre, la faim, les contôles et la peur m'ont marqué"

Publié par Le cédéiste sur 5 Avril 2018, 14:05pm

Catégories : #Des récits de vie

Léonie FOUQUIN, 3ème3, a poursuivi sa route vers la mémoire familiale en prenant la voiture avec son père pour se rendre à Vésines, dans l’Ain, et rencontrer son autre arrière grand-mère, Valentine SLOTA (née le 13 octobre 1926, en France) qui est d’origine polonaise.

Le père de Valentine, Joseph Melnyzuk, est né en en Pologne, quant à sa maman, Mariane Wodka, elle est née en Ukraine. Avant la guerre, ils habitaient à Châteaux-Neuf sur Loire.

"Nous avons appris que la guerre était déclarée grâce à la radio que nous écoutions régulièrement.

Une fois mon père parti, ma mère a quitté Chateauneuf-sur-Loire pour Vésines dans l’Ain afin de chercher du travail, elle n’en a pas trouvé. Alors, dès l’âge de 13 ans, je  suis allée faire le ménage chez un dentiste de Montargis dans le Loiret. J’y allais avec mon vélo et quand il m’arrivait de crever, je mettais du pansement en tissus « lélétte. »

Toujours en vélo, je me rendais dans les moulins des alentours pour troquer mon beurre et des cigarettes contre des ballots de farine. Vivant en zone occupé, je me suis faites contrôler de nombreuses fois par les allemands qui me demandaient mes papiers et ce que je transportais. C’était de grands bonhommes qui n’étaient pas sympathiques du tout. Ils criaient dans les oreilles des termes que je ne comprenais pas. J’étais vraiment effrayée à chaque fois que je les côtoyais !

Une chose marquante durant la guerre : l’immense faim dont nous étions victimes. Les seules choses que nous mangions étaient le pain que ma mère préparait et les pommes de terre et betteraves à sucre que nous volions dans les fermes. Ces légumes nous en faisions des petites galettes en les cuisant dans la même poêle. La viande était très rare.

Pendant la guerre, lorsque la sirène d’alerte « à la bombe » grondait, nous allions nous cacher dans un grand souterrain creusé dans la cour du boulanger. Nous tenions assez aisément à douze personnes. Des alertes, il y en avait souvent. De nombreuses fois, j’ai vu les bombes tomber au-dessus de Vésines. Il y en a d’ailleurs une qui a explosé pas loin de là où j’habite actuellement.

Autre chose qui m’a marquée : j’avais très peur. Les allemands passaient dans les rues avec leurs gros camions et quand je faisais le ménage à Montargis, je les voyais à la fenêtre. Mon frère, Paul, a été attrapé par les allemands pour être envoyé en Allemagne. Il a, par chance, réussi à s’évader. Heureusement, les soldats ne l’ont pas remarqué, ils l’auraient fusillé.

Un soir durant la guerre, je suis allée avec des amis dans un bal organisé dans une grange. Un avion allemand s'est écrasé juste à coté. Nous avons eu très peur : on a tous passé la nuit dans la grange, camouflés.

Nous avons été libérés le 23 août 1945 et mon père est rentré en train. Durant la guerre nous avions peu de nouvelles de lui.

Quand mon mari était jeune (l'arrière grand-père de Léonie), il avait la nationalité polonaise mais il vivait en France. Pendant la seconde guerre mondiale, il s'est engagé dans une armée polonaise pour défendre la France. Il a été fait prisonnier en Allemagne. Une fois libéré et rentré en France en 1945, il a eu la nationalité française en récompense de sa bravoure pour avoir combattu au coté de la France.
Après la guerre, mes parents sont retournés à Châteauneuf et ont tous les deux travaillé dans une usine. J’ai passé deux années chez Pigier, une école de couture, pour finalement travailler dans l’usine Hutchinson. Je me suis marié en janvier 1947 avec Edouard Slota qui était natif de Craboczin, en Pologne. »

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Valentine SLOTA : " Pendant la guerre, la faim, les contôles et la peur m'ont marqué"
Ausweis de Marcelle Mairot source photo : Yves Mairot crédit photo : D.R.

Ausweis de Marcelle Mairot source photo : Yves Mairot crédit photo : D.R.

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