Lucien FROBERT aux élèves : "N'oubliez pas !"

"N'oubliez pas !" fut le message délivré par Lucien FROBERT aux 110 élèves présents dans la salle d'étude pour conclure son témoignage sur son vécu de Résistant à Cusset dès 1940 et dans le maquis de BECHEMORE des Bois Noirs, en Montagne Bourbonnaise.

A noter : Les témoignages des Résistants serviront aux deux groupes de quatre élèves de 3ème qui ont préparé le sujet du concours National de la résistance et de la Déportation 2017-2018 (S'engager dans la Résistance pour libérer la France). Ils en ont fait un carnet de bord (un journal intime) et une fiction documentaire, un film (20 mn) - "Des graines de France" - tournée sur les lieux même de l'action.

http://allierterrederesistance.over-blog.com/2018/02/film-en-montagne-bourbonnaise-des-graines-de-france.html

et

http://allierterrederesistance.over-blog.com/2018/04/le-club-memoires-imagine-le-journal-intime-d-un-resistant.html

     Ce fut une après-midi historique que celle de ce jeudi 17 mars 2017 !

En effet, pour la première fois, à 95 ans, Lucien FROBERT, a apporté son témoignage, en toute simplicité, sur cette période troublée de l’Occupation et du Régime de Vichy. Les élèves des classes de 6^ème, de l’Ulis et du club mémoires du collège ont eu l’honneur de le recevoir et de l’écouter dans le cadre du projet Devoir de mémoires. Ce fut un grand et beau moment, riche en émotions notamment quand M. Labonne découvrait en direct que c'était son père qui avait remonté, avec son camion de bois, les maquisards depuis Cusset jusque dans les Bois-Noirs après l'attaque du maquis par les GMR !!!!!!!!  Lucien FROBERT a su toucher le coeur des élèves qui lui ont demandé, avant de le quitter, un... autographe !

Si certains partenaires du projet Devoir de Mémoires n'ont pu être présents, les Amis du Vieux Cusset étaient représentés par MM Hardy et Maldant, les Amis de St Germain des Fossés  par Mme et M. Hervé),  l'électrodrôme de Magnet par M. Labonne et l'ANACR, par M. Henri Diot...

Isabelle Hellal, la Principale du collège, a prononcé un discours d'accueil pour expliquer qui était notre invité et pour le remercier de son témoignage pour la mémoire. Henri Diot, ancien professeur d'histoire et membre de l'ANACR, a rappelé ce qu'était la France en 1940, les raisons qui ont amené certains et certaines à entrer en... Résistance. Enfin, Christophe Boutier, professeur documentaliste, a questionné M. Frobert selon une thématique définie à l'avance avec lui :

Les thèmes qui furent abordés :

L'engagement de Lucien Frobert. Les Allemands, près de sa maison de Cusset. A Cusset, les premières actions. La fuite du Chantier de Jeunesse dans l'Indre. Bechemore : le petit maquis des Bois Noirs (janvier 1943-juillet 1944). La journée à Bechemore : le travail avec les paysans le ravitaillement. A Bechemore, la jeunesse inconsciente et insouciante. A Bechemore : le froid, la neige de novembre 43 à juillet 1944. Les vêtements militaires teints. Un aviateur américain à Bechemore ! A Bechemore, la manipulation des armes et les accidents. Les dénonciations, les trahisons et l'attaque du maquis de Bechemore. Le maquis de Bechemore rejoint le col de la Plantade (juillet-août 1944) et le groupe Didier. L'entrée dans la police FFI. Après la guerre...

« Emouvant, touchant dans sa modestie et sa sincérité ! »

 Lucien Frobert, sans être militant, est entré dans la Résistance très tôt en distribuant des tracts et des journaux dans les boîtes aux lettres de Cusset, en cachant sous la toiture de la maison familiale les armes que les soldats français abandonnaient sur la route de Lapalisse au moment de la débâcle mais aussi en hébergeant un camarade pourchassé par la milice auquel il a fallu scier les menottes. Après avoir fui le chantier de jeunesse dans l'Indre, Lucien, qui voulait se battre mais qui n'en a jamais eu l'occasion, rejoint alors le "petit" maquis des Bois Noirs et ses deux baraques de Bechemore alors peuplées d'une quinzaine d'occupants, en Montagne Bourbonnaise, avant de rejoindre le col de la Plantade et le groupe Didier. Il raconte le quotidien difficile où il... "glandait." Cette vie de plein air, il l'a pourtant aimée. Celle d'un groupe qui affronte le froid, la neige, un groupe qui se partage les tâches : il y a ceux qui participent à des coups de main et ceux qui travaillent auprès des paysans de la montagne, des gens de grande valeur, afin d'obtenir de quoi manger : du pain, des... "patates." Le maquis, c'est des repas préparés dans la seule et unique gamelle servant aussi à laver le linge teinté en bleu marine, ce sont les nuits froides sur la paillasse, des rires, des parties de cartes, le p'tit verre que l'on va prendre à la tombée de la nuit au Lirot ; c'est l'entraide avec l'accueil d'un aviateur américain. Mais le maquis, c'est aussi des moments d'angoisse : la manipulation des quelques armes parachutées à Nizerolles qui tournent au drame pour "Cacolet", les dénonciations et l'attaque de Bechemore par les GMR de Clermont-Ferrand... A la Libération de Vichy, de Cusset, Lucien Frobert intègre la police FFI qu'il abandonne rapidement pour reprendre sa carrière au sein de ce qui deviendra GDF.

L'assistance fut impressionnée par cet homme à la mémoire vive, à la belle énergie qui conclue alors ses deux heures d'intervention, avant designer des autographes, par un vibrant : "Surtout, n'oubliez jamais !"